Traduction et culture, une constructive interdépendance

Article publié le : 2 Mai, 2017
Traduction et culture

Par défaut la traduction est une activité interculturelle car interlinguistique. La notion de traduction ne peut se concevoir sans imaginer la relation entre les cultures dans un monde cosmopolite. Une relation, des échanges, des transferts qui donnent à chacune de ces cultures, son identité mais aussi un caractère commun.

L’importance du passage d’une culture à l’autre, dans la traduction d’une langue à l’autre s’impose à tout traducteur de texte. Cette nécessité donne une motivation et un plaisir particulier au traducteur qui doit savoir jouer avec cette belle interdépendance entre traduction et culture. Il s’amuse à fourrager les champs culturels propres à chaque culture et à enrichir de repères et de contexte sa traduction et ainsi, lui donne une qualité, une pertinence forte.

Cette interdépendance des langues et des cultures a une « incidence » positive sur la traduction, car elle est le moyen d’enrichir le sens.

Traduire la culture c’est avoir une culture de la traduction

Traduire un texte, une vidéo, c’est pour le traducteur avoir une vision claire des rapports étroits, intimes que les langues entretiennent entre elles. Traduire d’une culture à l’autre, c’est avoir l’expérience de sa langue dans sa détermination, sa singularité au milieu des autres langues, et cette capacité à opérer une médiation interculturelle.

Traduire demande un savoir-faire, mais demande d’avoir aussi une culture de la traduction, une expérience culturelle du métier, un métier certes technique mais qui ne peut se concevoir sans un savoir étendu, encyclopédique, curieux de l’autre et de sa langue.

Le traducteur est un agent culturel

Le traducteur a ici un statut de médiateur entre les cultures. Le texte d’arrivée est tout comme le texte original un produit sémiotique culturel. Le traducteur est un spécialiste de la communication interculturelle. Il sait déterminer les moyens de médiation les plus adaptés au sens souhaité dans un contexte socioculturel donné.

La culture de chacune des langues concernées détermine la production et l’interprétation du sens. Le traducteur sera le passeur de gué qui louvoiera pour atteindre le sens précis en effectuant des détours pour se jouer du rapport implicite/explicite.

Il devra tenir compte des pratiques et des normes sociales, des identités nationales ou encore des institutions, des rapports de pouvoir et des politiques qui, d’une manière ou d’une autre, influencent l’acte de traduire.

La traduction est une merveilleuse passerelle interculturelle

Plus qu’une passerelle, peut-être, la traduction est la clé du dialogue interculturel. Un dialogue qui constitue le meilleur gage pour la paix. Le traducteur est éleveur de colombes, un bâtisseur de ponts entre les cultures, entre les hommes, entre les langages.

Un pont pour défendre la diversité culturelle et lui permettre de se développer, de s’étoffer dans son rapport à la différence et à « l’étrangeté ». Sans traduction nous serions plongés dans un monde de conflits, contaminé par l’ignorance et l’incompréhension puis finalement la peur de « l’autre ». La traduction littéraire a ici un rôle clé, elle est une garantie supplémentaire d’apaiser le monde et de lui permettre de se développer.

« Le langage n’est pas seulement un instrument de communication. C’est aussi un ordre symbolique où les représentations, les valeurs et les pratiques sociales trouvent leurs fondements. » Ladmiral et Lipiansky

Bien traduire c’est bien penser

Faire passer d’une langue à l’autre, un document, un livre, un film ne consiste pas simplement à traduire des mots mais également des concepts. Des concepts propres à une civilisation. Propres à un peuple qui possède sa façon de penser.

Le traducteur doit préserver l’identité du terme culturel et être conscient de ne pas pouvoir intégrer la totalité du concept dans sa spécificité. Par exemple on parle de termes « à fort contenu culturel » (culture-bound terms) lorsqu’il s’agit de références à une culture matérielle différente (architecture, vêtements, cuisine, etc.), ou bien un système socio-culturel spécifique (religion, rituels, système économique, administratif, politique, militaire, etc.).

Ces termes sont nombreux dans les documents légaux et dans le domaine des sciences humaines. Le traducteur professionnel devra maîtriser ses différences culturelles pour préserver le sens des termes du texte.

En traduisant, un traducteur, dans un contexte fortement culturel (Œuvre de fiction littéraire, cinéma, chanson, histoire, politique, art culture, traduction culturelle, traduction sites web, etc.), a ce privilège de pouvoir offrir à deux peuples de communiquer et de se comprendre.

Article rédigé par : BILIS