Méfiez-vous de vos collaborateurs « bilingues » !

Article publié le : 28 Fév, 2018
homme daffaires croissant les bras avec un arriere plan flou

« Je suis bilingue, je peux te le traduire ton document ! ». Cette phrase anodine de collaborateurs « bilingues » , d’apparence prometteuse, peut mener une entreprise au fiasco… Les études le confirment : certains secteurs pourtant fortement tournés vers l’international, comme l’aéronautique, ont un mauvais niveau d’anglais. L’anglais, la langue des affaires par excellence, ne semble pas à la portée de tous les employés, même modèles. Mais l’assurance parfois, nous fait pousser des ailes, et penser que baragouiner deux mots d’anglais peut d’office faire de nous un traducteur. Erreur. Au recruteur d’être vigilant !
Que deviendront ces étudiants dans la vie active ? Les recrutements mettent souvent l’accent sur les compétences linguistiques du candidat. À moins d’avoir grandi avec deux langues, les chances s’amenuisent pour qu’il soit réellement bilingue. Bien sûr, il est possible d’apprendre de nouvelles langues à tout âge. Mais, dans ce cas, l’enseignement en langues a encore des progrès à faire. On surestime bien souvent son niveau.

Le bilinguisme, c’est quoi ?

Le bilinguisme serait-il une illusion ? Sa définition est pour le moins imprécise. La communauté scientifique possède des critères trop variés, voire trop vagues, pour proposer une définition concise. Aussi le terme « bilingue » est-il souvent utilisé à tort et à travers pour qualifier une personne capable de communiquer dans deux langues différentes… et s’avère alors très subjectif ! Néanmoins, on accepte généralement que le bilinguisme concerne, en premier lieu, les enfants élevés dans l’univers de deux langues et capables de passer de l’une à l’autre avec aisance. Lorsqu’il s’exprime, un bilingue fait constamment appel à deux systèmes de référence linguistiques. Une véritable gymnastique cérébrale ! Mais si être bilingue, c’est avoir la capacité de s’exprimer dans deux langues différentes avec un naturel déconcertant pour le quidam, le degré de maîtrise des langues peut varier d’un individu à l’autre et le bilinguisme total est rare. Une langue domine le plus souvent.
Néanmoins, une personne bilingue s’exprime dans des langues natives, et en possède nécessairement une certaine maîtrise. À travers le monde, les nations multilingues sont nombreuses. On estime entre 60 et 75 % de la population mondiale à être bilingue. Mais il faut différencier le bilinguisme d’un individu de celui d’une nation. De fait, dans un contexte croissant de mondialisation, le bilinguisme est de plus en plus courant et la maîtrise d’une langue comme l’anglais, l’espagnol ou le mandarin est valorisée en entreprise. Le bilinguisme rend les opportunités d’emplois plus larges et le CDI plus accessible !

Statistiques et recrutement : niveau perçu vs niveau réel !

Selon une étude menée par des chercheurs allemands (étude du service de la recherche pédagogique de Hanovre), le niveau estimé par des élèves pratiquant l’anglais comme seconde langue depuis une dizaine d’année et sa maîtrise réelle présente plus qu’un décalage : un véritable fossé. 34 % des élèves estiment leur niveau comme « très bon » et 38% comme « bon ». Or, un test d’évaluation a révélé que seulement 1% des élèves possédait un très bon niveau, et 4% un bon niveau.

L’anglais en entreprise : to speak English fluently

L’anglais est considéré comme la langue des affaires. Pourtant, la maîtrise de l’anglais connaît de fortes disparités parmi la population active mondiale. Les Pays-Bas affichent le meilleur niveau d’anglais, suivis par la Suède et le Danemark. Entre autres pays, citons l’Allemagne, qui peut se targuer d’une bonne maîtrise tandis que la Chine et la Russie en possèdent une faible.
Mais où se situe la France ? En bas de l’échelle des compétences linguistiques en entreprise (comme au quotidien…). Ce n’est pas une surprise, il ne s’agit que de le répéter une fois de plus. Sur 24 pays d’Europe, les Français se positionnent péniblement à la 21ème place et arrivent en 29ème position sur 63 pays.

L’indice de compétences en anglais pour les entreprises (EF EPI-c) permet en effet d’évaluer le niveau d’anglais de la population active de différents pays à travers le monde. Les tests professionnels soumis aux employés mesurent les compétences en anglais dans 40 pays et 16 secteurs d’activité, de la finance aux télécommunications (en passant par l’ingénierie, le secteur automobile, le pôle médias, l’industrie…) afin de les classer. Selon le secteur, la maîtrise de l’anglais connaît des disparités parfois étonnantes. En tête du classement, on trouve le secteur du conseil et des services professionnels tandis que l’aéronautique et la logistique, des secteurs pourtant tournés vers l’international, se retrouvent tout en bas.
Par ailleurs, l’étude démontre que la maîtrise de l’anglais n’a rien à voir avec la position hiérarchique… bien au contraire ! Les cadres dirigeants ont un niveau inférieur à celui de leurs subordonnés, les responsables d’équipes ou managers. Ainsi, dans le secteur du conseil et des services professionnels, les managers affichent un score de 64.05 points tandis que les cadres sont à 59.07 points. Dans le secteur de l’ingénierie, la balance est de 51.99 contre 43.44. Une question de génération ?

Les entreprises recrutent de plus en plus d’employés anglophones, pour être plus compétitives sur le marché international. Tenir une conversation, même technique (car l’on peut très bien connaître le jargon de sa profession dans une autre langue, sans être capable de parler couramment celle-ci) ne fait pas d’office de vous un interprète et encore moins un traducteur ! On peut même être bilingue et ne pouvoir traduire correctement un document. En traduction, il faut pouvoir restituer le sens d’un texte, d’une langue source vers une langue cible, et pas simplement la signification des mots. Plus encore, la traduction technique ou la traduction scientifique requiert des compétences distinctives et une méthodologie précise qui seules permettent de garantir la qualité des documents ainsi traduits.

Alors, vous qui êtes en charge du recrutement, assistant(e)s de direction, employeurs, managers… et qui pensiez trouver en votre collaborateur « bilingue » la solution à vos problèmes de traduction, soyez vigilants (et raisonnables) ! La connaissance et la maîtrise d’une langue sont deux choses distinctes. Et la traduction est un art aussi rigoureux que pointilleux. Les traducteurs professionnels, outre qu’ils traduisent vers leur langue maternelle – car ils en maîtrisent les subtilités linguistiques autant que culturelles, sont des spécialistes dans tels ou tels domaines – finance, comptabilité, droit…).

Article rédigé par : BILIS